Tension entre la RDC et le Rwanda: l’ONU condamne « l’utilisation de groupes armés agissant par procuration »

Rédaction Centrale
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carte_Rwanda-RDC (kivu), Photo crédit

« Nous réaffirmons notre attachement ferme à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, et nous condamnons l’utilisation de groupes armés agissant par procuration », a insisté le porte-parole du secrétaire général de l’Onu.

Il s’agit, en réalité, d’une victoire diplomatique pour Kinshasa. Car, même sans le citer, les propos de l’Onu traduisent ouvertement une reconnaissance de la main noire du Rwanda de Paul Kagame dans la déstabilisation de l’Est de la RDC par l’entremise de sa marionnette, le groupe terroriste M23.

C’est dire qu’avec des voiles qui tombent peu à peu, la puissance de feu des FARDC sur les lignes de front au Nord-Kivu et la diplomatie de plus en plus agissante de Félix Tshisekedi confortée par la mobilisation de tout un peuple, on n’est plus loin de la fin du mythe du régime de Kigali. Longtemps affiché par les médias internationaux comme un modèle pour l’Afrique en termes de développement, la communauté internationale a occulté, pour des raisons évidentes, sa face sombre. Pourtant, Kigali n’a cessé d’apporter un appui de taille à des mouvements rebelles qui déstabilisent la RDC et y commettent des crimes contre la population depuis des décennies.

Toute chose a une fin. C’est pour dire que l’épisode perdurant de la déstabilisation de la partie Est de la RDC ne pourra échapper à cette évidence. Les efforts diplomatiques engagés par Kinshasa tout comme le rapport des forces sur les lignes de front au Nord-Kivu sont un signal fort imprimé par Félix Tshisekedi qui tient à inverser la tendance d’une situation qui a longtemps bénéficié aussi bien de la complicité interne qu’internationale.

Ainsi, l’alerte faite samedi 11 juin par l’Onu pour appeler à la désescalade entre les armées de la République démocratique du Congo et du Rwanda vaut son pesant d’or, Kinshasa étant désormais prêt à tout.

Pour bien des observateurs, « les dernières bavures des Forces de Défense du Rwanda (RDF), en bombardant une école dans le Rutshuru, tuant deux élèves », est une goutte d’eau qui va inévitablement faire déborder le vase. C’est un acte démesuré, estime Kinshasa. Et Kigali va ainsi porter la responsabilité de ce qui ressemble bien à « un crime contre l’humanité ».

Utilisation des groupes armés par procuration

Dans la foulée, les mots des Nations unies confortent la position de Kinshasa avec sa diplomatie plus que jamais active. « Nous sommes préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo », a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole de Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies.

Stéphane Dujarric a évoqué « la multiplication des attaques contre les civils » par des rébellions congolaises et « la présence persistante d’autres groupes armés étrangers », notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) opposées au pouvoir de Kigali, qui, selon le porte-parole, « continuent de menacer la stabilité régionale ».

L’ONU dit réaffirmer « son attachement ferme à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », avant de condamner « l’utilisation de groupes armés agissant par procuration », a insisté le porte-parole. C’est tout dire. Le rôle du Rwanda est connu dans cette crise qui est en voie de prendre une envergure inquiétante pour toute la sous-région.

L’Onu et le président congolais, Félix Tshisekedi, émettent ainsi sur une même longueur d’ondes. Kigali entretient bel et bien les M23. Et différemment du passé, Paul Kagame ne saura plus imposer sa musique, mieux, sa version, du reste contraire à la réalité sur le terrain, notamment avec des soldats rwandais faits prisonniers par les FARDC…

Dans cette allure, la rencontre en vue Tshisekedi-Kagame ne pourra se baser que sur deux conditions claires de Kinshasa à défaut de la rupture des relations diplomatiques et toutes les conséquences qui s’en suivront : le retrait pur et simple des troupes rwandaises engagées aux combats sous l’étiquette du M23, la mise sur liste noire de tous les rebelles du M23 que Kinshasa a classé dans la rubrique des « groupes armés terroristes ».

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