RDC : Les dividendes des guerres par procuration, quelles sont les mains invisibles?

Rédaction Centrale
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Il ne faut pas se leurrer, la RDC est l’épicentre de la guerre de la convoitise des ressources stratégiques entre Washington DC et Pékin pour l’électrification du transport et les technologies de fine pointe modernes.

Elle a toutes les matières premières nécessaires pour venir à la rescousse des industries du monde.

Il appartient à nos décideurs de trouver une formule qui va faire profiter tous les congolais.

Pour les deux prétendants et bélligérants, leur  »social » est déjà règlé.

Effectivement et fort heureusement, il est un secret de polichinelle actuellement. Nos amis belges savaient que le territoire de l’ancien Kivu qui s’étendait jusque dans la province actuelle de l’Ituri était doté d’un potentiel géologique à forte valeur ajoutée pour l’industrie métallurgique, les microprocesseurs, la mise au pointe des diodes et les transistors. Tout le sous-sol de l’ancienne région subdivisée aujourd’hui en trois provinces regorge des mines prisées dont dépendent l’industrie moderne de fine pointe.

Le Kivu a toujours été un buffet ouvert, où les régimes successifs accordaient des autorisations à des firmes étrangères pour venir se servir. Nous n’avons jamais vu les traces des redevances de ces exploitations éhontées. Il serait intéressant de les retracer pour écrire notre histoire et comprendre les vraies causes de notre condition humaine.

La cartographie géologique du Kivu est-elle exhaustive ou cache-t-elle encore des trésors non répertoriés qui vont continuer à nous surprendre? Le coltan, longtemps considéré à tort comme un déchet (résidus sans valeur marchande) de la cassitérite a bouleversé notre perception de la valeur minière de notre sous-sol. L’histoire des sociétés minières du Grand-Kivu révèle la dotation et le potentiel de ce vaste territoire depuis 1920.

Les sociétés MGL, Minerga, Cobelmin, Symétain, Sominki, CNKi et Sakima, Barrick and Gold Corporation, Barron, Alphamines, Strabag, Kivumines, Somikivu et autres qui ont laissé des traces d’exploitation dans certaines entités territoriales ne représentent qu’une pointe de l’iceberg des potentiels du Kivu. Toute la région serait un champ géologique à exploiter. Qui aurait crû qu’à Luhihi, à Birava, à Idjwi et à Kalehe, on aurait des collines des mines à ciel ouvert ? Le gouvernement congolais devrait être mis au courant de ce que les méandres de son sol cachent. Des mines d’or de Mukungwe ( à Walungu) exploitées discretement par certaines familles aux mines d’or de Luhihi-Birava, le nouvel eldorado aurifère, on signale la présence des pierres de diamant dans la rivière OSSO à Walikale et à Musienene à Butembo.

L’omerta dissimule la vérité au profit de quelques individus et familles depuis 60 ans. Tout le Kivu a des ressources énormes qui devraient profiter à tous les congolais. Des mines prisées de l’ancien Kivu ( Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu ) dont l’exploitation et les redevances devraient contribuer au bien-être des congolais.

Le Kivu est non seulement une terre essentiellement arable et agricole, mais il a aussi une vocation minière à cause de sa diversité minéralogique. On y trouve de l’or, de l’étain, de la cassitérite, du niobium, du tantale, du fer, du diamant et des terres rares très prisées dans l’industrie des hautes technologies. Quelle est la valeur réelle de nos carrés miniers ? Il serait urgent d’organiser une commission d’études, d’évaluation et d’actualisation des données qui concernent les secteurs de Lugushwa, de Salamabila, de Kalima, de Shabunda, de Walikale, de Kamituga, de Lubutu, d’Itebero, de Fizi, d’Itombwe, de Kalehe, de Birava, de Luhihi, de Bisunzu, de Mukungwe, de Namoya, de Twangiza, de Lweshi, de Osso, de Rutshuru, etc.

Il existe des faits historiques vérifiables, reportés par les anciens opérateurs économiques de l’axe routier entre Kahuzi-Biega et Walikale jusqu’à la rivière Osso en allant vers Lubutu. Dans les années 60, juste avant la guerre de Jean Schramm, des européens qui avaient rejoint le mouvement mercenaire contre le régime de Mobutu avaient pris le soin de bétonner, en signe de répères permanents, les entrées des mines, le long de Itebero, de Walikale, de Lubutu jusqu’en Ituri.

Dans les années 70, dans la rivière Osso, les creuseurs-chercheurs d’or n’avaient aucune connaissance du diamant et de sa valeur du bien qu’ils le rejetaient dans la rivière. Sous le régime de Mobutu, pendant des années, la société allemande Strabag avait obtenu un contrat de construction de la route entre Walikale et Osso à Lubutu. Elle avait construit en parallèle un aérodrome où des avions chargés des stocks de sacs remplis de pierres vers des destinations inconnues. Ces opérations ont été observées et pratiquées par une entreprise Chinoise sur l’axe routier entre Lubutu et Kisangani dans les années 80 aussi.

Afin d’éviter que nos ressources soient bradées par des individus sans vergogne et qui connaissent les rouages pour en tirer des profits énormes, il serait recommandable que le gouvernement congolais réévalue son potentiel minier en attirant des investisseurs susceptibles de mettre en place des projets structurants qui impactent et améliorent le sociale des congolais. Il fut un temps où l’exploitation minière était le monopole de l’Etat ou attribuée à des sociétés spécialisées. La possession de l’or ou du diamant par des citoyens était un crime passible de faire de la prison.

Dans les années 80, le régime de Mobutu avait libéralisé l’exploitation minière et avait ouvert des comptoirs d’achats des pierres précieuses et de l’or partout sur le territoire de la RDC afin de contrer la hausse de la contrebande et pour récupérer des taxes. Cette politique s’était soldée par un fiasco car les agences mandataires pour les achats au compte de l’Etat s’étaient transformées en contrebandiers dans les pays voisins pour faire plus d’argent.

Jusqu’en 1985, Bujumbura, la capitale burundaise, a été la plaque tournante de ce commerce illicite pourtant connu des officiels zaïrois. Il serait difficile pour notre gouvernement d’interdire la possession et le commerce parallèle des produits miniers compte tenu de la porosité de ses frontières et du manque des agences fiables pour capitaliser sur cette activité à l’interne. Il peut réglementer en permettant une exploitation artisanale et semi-industrielle.

Dans certaines zones moins accessibles, des coopératives d’exploitation minière artisanale ont vu le jour. C’est une mesure temporaire qui ne donne pas de valeur ajoutée ni aux travailleurs, ni à l’Etat qui ne perçoit pas ses taxes. Certaines exploitations ont besoin de grosses machineries et d’une disponibilité en électricité pour optimiser le rendement.

Quand des officiels américains, belges, britanniques, franco-suisses, italiens, allemands, chinois, japonais, iraniens, hindous et canadiens atterrissent à Goma ou à Bukavu, ce n’est pas pour l’humanitaire mais pour s’assurer de l’approvisionnement des matières premières dont leurs industries ont besoin.

Toute la coopération multilatérale gravite autour de la facilitation d’accès aux ressources. La Chine a pris de l’avance en leur damant les pions. La guerre commerciale est ouverte entre le bloc néolibéral et le communisme. Toute la diplomatie des minerais qui s’active actuellement est un mandat de repositionnement géostratégique qui fustige une guerre d’accès aux minerais stratégiques sans merci sur le terrain congolais.

La Covid-19 a ralenti les approvisionnements et la circulation des biens. La relance économique est remise aux calendes grecques. La Chine semble se remettre de la crise pandémique. Toutes ses prévisions économiques en post-covid sont reluisantes. L’Occident se relève tranquillement de la gestion de la Covid-19 et se sent diminué de dépendre du géant du Tigre asiatique pour les composantes indispensables pour l’industrie automobile électriques et l’industrie militaire.

Le protectionnisme américain a brisé la confiance et la cohésion de facilitation des échanges commerciaux. Les sanctions contre la Chine provoquent une volatilité des prix et une rareté des produits stratégiques. Si la RDC ne comprend pas cet enjeu en management international, elle va être écrasée entre les deux géants qui refusent de s’entendre et de se parler.

La Chine a pris déjà une longueur d’avance en investissant dans des infrastructures et autres projets structurants en RDC. Il sera très difficile pour les multinationales occidentales de se faire accepter et de la rattraper sans un investissement massif dans le social des congolais. L’enjeu pour les congolais est d’ordre social, pour l’Occident, il est de niveau idéologique et stratégique. Et voilà où, ça nous conduit, à l’est de la RDC, l’espoir pour les multinationales occidentales pour contrée la montée en puissance de la Chine.

Avec Echoducongo.com/

Alex Ba Matembera

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