« FOKA-FOKA », Ces engins roulants très dangereux pour la population de Goma, Bukavu et ses environs

Rédaction Centrale
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Image prise le 1er mai 2023 vers 9h00 au quartier Kasika / Goma

C’est depuis plus de deux ans maintenant qu’il s’observe dans la ville de Goma et ses environs, une nouvelle marque de moto « sui generis ». Ces engins, communément appelés « Foka-Foka » ont été baptisés « VIJANA WANA NGUVU » (littéralement « Les jeunes sont forts ») par leurs utilisateurs. La signification de « Foka-foka » est ainsi comparable à la terreur et au dérangement produits par les aboiements du chien. Voici à quoi ressemblent ces engins :

Un « Foka-Foka » en pleine circulation dans le quartier Kasika, commune de Karisimbi / Goma aux environs de 11h00 du samedi 06 juillet 2023.
Un « Foka-Foka » en pleine circulation dans le quartier Kasika, commune de Karisimbi / Goma aux environs de 11h00 du samedi 06 mai 2023.

Il s’agit généralement des motos de marque « Senke » et autres qui sont localement modifiées par des mécaniciens. Bien qu’il s’agisse souvent des motos usées, de plus en plus même de motos neuves se voient transformées en « Foka-Foka ». La forme extérieure de la moto est techniquement modifiée notamment en :

  • Supprimant le porte-bagage derrière,
  • Réduisant la longueur du siège,
  • Changeant carrément la forme du guidon (pour mettre ce dernier plus bas et plat),
  • Remontant plus haut le pneu de derrière,
  • Remplaçant carrément l’échappement,
  • Ajoutant plus de jeu de lumière,
  • Remplaçant la sonnerie par une autre très piquante,
  • Coloriant différemment les différentes parties de l’engin,
  • Etc.

Les dangers que presentent les « foka-foka » sur la population de goma et ses environs

Les « Foka-Foka » constituent un grand danger pour la population de la ville de Goma et ses environs.

  • Sur le plan sécuritaire : les « Foka-Foka » facilitent le déplacement des bandits, surtout qu’ils n’ont aucune identification (plaque, documents de bord, etc.). En effet, la plupart de ceux qui conduisent ces engins sont apparentés aux bandits par leur façon de s’habiller, de parler et même de paraître. Souvent, ce sont de fumeurs de chanvre et de la drogue, ou encore des ivrognes. La nuit comme le jour, ces engins circulent librement dans la ville, facilitant aux malfaiteurs leur mission (notamment l’identification et la poursuite de leurs cibles ainsi que l’évasion après forfait).
  • Sur la santé physique : les « Foka-Foka » sont à la base de plusieurs accidents mortels de circulation routière dans la ville de Goma. Ils sont utilisés à des événements comme les funérailles, au cours desquelles plus de deux à trois personnes se permettent de monter sur l’engin (dont la capacité est d’une personne généralement), provoquant ainsi des accidents mortels. Par ailleurs, elles sont conduites avec une grande vitesse généralement (même dans des zones à forte circulation), sans respect du code de la route (notamment avec des dépassements), ce qui conduit à de collusions sur la route principale, ou encore à l’écrasement des enfants et adultes vulnérables dans les quartiers. L’on enregistre ainsi des morts et des blessés graves et légers de suite de l’utilisation des « Foka-Foka » dans la ville de Goma. Les éclairages et jeux de lumière qui y sont installés, provoquent également de troubles de vision de la part des passants.
  • Sur la santé mentale : les « Foka-Foka » utilisent des échappements modifiés qui produisent de bruits choquants et très intenses ; ainsi que de sonneries plus violentes et aigues. Ces bruits et sonneries sont à la base de l’aggravation de l’état de santé pour de personnes avec de problèmes cardiaques. Ils créent également de troubles mentaux pour de personnes moins résistantes à ces genres de situation. En effet, les utilisateurs des « Foka-Foka » ont tendance à se faire remarquer. Ainsi, une fois de passage auprès d’une masse, ils dégagent de bruits apparentés aux coups de balle et autres, utilisent de sonneries piquantes provoquant du stress de la part des personnes aux alentours.
Image prise d’un « Foka-Foka » vers 20h en date du 03 mai 2021 dans le quartier Katoyi / Goma.
Image prise d’un « Foka-Foka » vers 20h en date du 03 mai 2021 dans le quartier Katoyi / Goma.
  • Sur l’environnement : avec leurs nouvelles formes d’échappement et leur état amorti, les « Foka-Foka » dégagent souvent une forte fumée qui contribue à la pollution de l’environnement. Par suite des modifications qu’ils ont subies, les « Foka-Foka » dégagent parfois des matières (comme l’huile de moteur et autres) qui provoquent la dégradation de l’environnement.
  • Sur l’éducation de la jeunesse : l’avènement des « Foka-Foka » constitue un des éléments renforçant la délinquance juvénile dans la ville de Goma. Par influence, plusieurs jeunes s’adonnent à l’apprentissage de la manipulation de ces engins, le plus souvent auprès de leurs pairs délinquants et se retrouvent ainsi emballés dans cette catégorie hostile au développement personnel et sociétal. Des parents voient leurs enfants commencer à pratiquer l’école buissonnière, voler l’argent dans la maison … afin d’obtenir le moyen d’apprendre à manipuler ces engins. Et quelques temps après, ces enfants affichent de comportements étranges comme fumer, se droguer, se promener tard dans la nuit, etc.

Mettre fin au phénomène « foka-foka » dans la ville de Goma

Les « Foka-Foka » circulent librement même au centre-ville de Goma au vu et au su de tous. Malheureusement, ils commencent à s’étendre même dans les villes voisines comme Bukavu, Beni, etc. Leur nombre ne cesse d’augmenter du jour au jour, avec de formes plus toxiques. Les images ci-dessus présentent les « Foka-Foka » tout neufs et en bon état, mais la plupart de ceux qui circulent à Goma se retrouvent dans un état d’amortissement très avancé.

Au regard des dangers qu’ils représentent pour les habitants, d’aucuns estiment qu’il est impératif que les autorités compétentes interpellent les utilisateurs de ces engins sur leur danger, et les retirent de la circulation dans un bref délai. En cas d’insuccès (particulièrement la police nationale ainsi que les services étatiques chargés du transport, de la communication, de la sécurité et de la circulation routière) procèdent à la saisie immédiate de tous ces engins et à l’interdiction de leur utilisation dans la circulation routière. Dans le cas contraire, les conséquences de la circulation de ces engins ne feront qu’aggraver la situation des populations de la ville de Goma et ses environs ainsi que d’autres villes voisines.

Par :

IbrahimIbrahim NGILA KIKUNI, Chef de Travaux au Département des Relations Internationales à l’Université Officielle de Bukavu (UOB), Doctorant en Politique Internationale de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) / RDC et acteur humanitaire actif dans la protection des personnes les plus vulnérables et des personnes handicapées.

Et 

Sara KAKONDJA,

Sara KAKONDJA, Chef de Travaux au Département de Sociologie et Doctorant en Sociologie de l’environnement à l’Université Officielle de Bukavu (UOB)

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