Kinshasa menacée par la désertification : un cri d’alarme face à l’urgence environnementale

Par Bernardin Matabaro

Rédaction Centrale
6 Min Read
@Kinshasa

Kinshasa, la grande ville au bord du fleuve Congo, estimée à plus de 17 millions d’habitants dans sa zone métropolitaine, suffoque sous le poids d’un ennemi invisible : la désertification. Cette menace silencieuse mais implacable s’étend aux quatre coins de la ville, mettant en danger son avenir et celui de ses millions d’habitants.

Imaginez des pluies battantes qui, au lieu de nourrir la terre, la transforment en rivières de boue. C’est le cauchemar quotidien des habitants de certains quartiers de Kinshasa, comme N’djili ou Makélé. D’après un constat fait, la déforestation massive a privé le sol de sa protection naturelle, le rendant vulnérable aux assauts des pluies diluviennes. Les terres s’érodent, les cultures disparaissent, et les familles se retrouvent sans rien.

Agriculture intensive : une terre malade

Partout à Kinshasa, la terre souffre. Les pratiques agricoles non durables, comme l’utilisation excessive d’engrais chimiques, épuisent les sols et les rendent stériles. A Matete ou Kinsenso, les champs autrefois fertiles ne donnent plus rien, laissant place à une terre grise et poussiéreuse. Les paysans, désespérés, abandonnent leurs terres et partent chercher du travail ailleurs.

« La terre est comme une mère malade, elle ne peut plus nous nourrir. Avant, nos champs étaient verts et pleins de vie, mais maintenant, ils sont gris et stériles. On a tout essayé pour les sauver, mais rien n’y fait. Les engrais chimiques ont rendu la terre malade, et maintenant, elle ne peut plus rien produire. On n’a plus d’autre choix que de partir et chercher du travail ailleurs, » a déclaré un Rodrigo, un habitant de Kinsenso.

Urbanisation anarchique : la nature sacrifiée

Kinshasa s’étale sans cesse, engloutissant forêts et espaces verts. Selon le constat fait par Augustin Kayembe, du ministère provincial de l’environnement de la ville – province de Kinshasa, à Pétage ou Zenzele, la bétonisation remplace les arbres, créant un véritable désert urbain. Les sols imperméables ne peuvent plus absorber l’eau de pluie, qui ruisselle et emporte la terre fertile. Les inondations deviennent plus fréquentes et plus dévastatrices, menaçant les maisons et les vies des habitants.

« Pétage et Zenzele se transforment en déserts urbains à cause de la bétonisation excessive, ce qui entraîne des inondations dévastatrices et menace les communautés, » a-t-il indiqué.

Déchets plastiques : un poison qui tue

Les déchets plastiques, omniprésents dans les rues de Kinshasa, ne sont pas qu’une nuisance visuelle. Ils bouchent les canalisations, empêchant l’eau de s’infiltrer dans le sol et aggravant l’érosion. Brûlés à ciel ouvert, ils dégagent des fumées toxiques qui polluent l’air et nuisent à la santé des habitants. Dans les quartiers comme Kimbanseke ou N’Sele, les maladies respiratoires sont en augmentation constante. Selon un journaliste de la Radio Okapi : « Dans des quartiers comme Kimbanseke ou N’Sele, les cas d’asthme et de bronchite chez les enfants ont explosé ces dernières années. C’est clairement lié à la pollution par les plastiques brûlés« .

Face à cette situation alarmante, « un cri d’alarme retentit : il est temps d’agir ! »  Les autorités, les organisations internationales, les entreprises et des initiatives locales doivent se mobiliser pour sensibiliser les populations aux dangers du plastique et promouvoir des alternatives durables. La mise en place de filières de collecte et de recyclage, l’éducation à l’écocitoyenneté et l’application de réglementations plus strictes sont des actions indispensables pour lutter contre ce fléau.

Il est temps d’agir ! 

Plus d’un expert en environnement pensent que reboiser massivement est une priorité absolue. « Des arbres plantés dans tous les quartiers de Kinshasa, comme à Gombe ou Bumbu, permettront de retenir la terre, de limiter l’érosion et de créer un microclimat plus favorable ».

Ils proposent également la promotion des pratiques agricoles durables, comme l’agroforesterie ou l’agriculture biologique, est essentiel pour préserver la fertilité des sols. A Ngaliema ou Mont Ngafula, par exemple, des initiatives existent déjà pour accompagner les paysans dans cette transition.

Aménager la ville de manière durable, en incluant des espaces verts et des zones de perméabilité, est indispensable pour lutter contre l’imperméabilisation des sols et les inondations. A Kalamu ou Limete, des projets de réaménagement urbain peuvent inspirer d’autres quartiers.

Mettre en place un système efficace de collecte et de recyclage des déchets est crucial pour réduire la pollution et protéger l’environnement. A Makélé ou Matete, des actions de sensibilisation et des distributions de poubelles peuvent déjà faire la différence.

L’avenir de Kinshasa est entre les mains de ses millions d’habitants. En s’unissant et en agissant ensemble, la population peut transformer ce cri d’alarme en un chant d’espoir. Kinshasa, ville verte et durable, est possible !

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