L’univers commémore chaque 03 mai de l’année, la journée mondiale de la liberté de la presse. Pour cette année (2024), Reporters Sans Frontières (RSF), l’un des principaux partenaires de l’ONG Journaliste En Danger (JED) a rendu public un classement annuel des pays les plus à risques pour les journalistes dans le monde. Au total, ce sont 180 pays dont l’écosystème médiatique est analysé et évalué concernant, notamment, le cadre normatif et institutionnel de l’exercice du journalisme, la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information publique, l’indépendance des médias publiques et la sécurité des journalistes. La République Démocratique du Congo occupe la 123ème position sur ce classement.
A en croire ce rapport, les journalistes et médias congolais restent exposés aux diverses pressions et actes de censures, aux arrestations arbitraires et aux menaces directes et indirectes; en dépit de l’engagement du Président de la République, lors de la clôture des états généraux de la presse, tenus en janvier 2022 à Kinshasa. Félix Antoine Tshisekedi s’était décidé d’accompagner la dépénalisation des délits de presse et de garantir l’indépendance des médias.
«À titre illustratif de la montée de la censure contre la presse et la liberté d’expression, JED rappelle l’arrestation pendant plusieurs mois et la condamnation injuste à six mois de prison du journaliste Stanis Bujakera, correspondant du Magazine Jeune Afrique, dans l’affaire Chérubin Okende, suivi des menaces proférées par le Procureur général de la Cour de Cassation, contre toute personne, y compris des journalistes, qui oseraient critiquer ou remettre en cause l’enquête qui a conclu au suicide de ce membre de l’opposition, à la stupéfaction générale», mentionne le rapport.
Et de poursuivre : « à cette menace qui constitue un acte de censure, JED rappelle également que la décision du CSAC -Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication-, du 29 mars 2024, interdisant aux médias et aux journalistes de traiter et de diffuser toute information sur les forces rebelles sans s’en référer aux sources officielles ». Pour les organisations professionnelles des médias congolais, cette décision a été prise en violation des textes du CSAC et dévoile la partialité de cet organe de régulation, dont une des missions essentielles est de protéger la liberté de presse.
En définitive, pour JED, la multiplication des actes et déclarations de criminalisation des journalistes et de remise en cause de la liberté d’expression enregistrés depuis le début du nouveau mandat de Tshisekedi, traduisent une volonté politique de rétrécissement des espaces de liberté d’expression pour les médias libres et indépendants, alors que s’annonce un bras de fer entre le pouvoir de Kinshasa et l’église catholique. Cette dernière dénonce les atteintes à la liberté d’expression, à la suite d’une action judiciaire en cours contre l’Archevêque de Kinshasa le Cardinal Fridolin Ambongo. Ce serviteur de Dieu est accusé par la justice congolaise de «faire l’apologie de la rébellion, d’incitation des populations à la révolte contre les institutions établies lors de ses points de presse et interviews dans les médias.»