Être agent humanitaire en rdc : luxe ou sacrifice ?

Rédaction Centrale
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  1. L’aide humanitaire, quid ?

L’aide ou l’action humanitaire est toute activité qui vise, pacifiquement et sans discrimination, à préserver la vie dans le respect de la dignité, à restaurer l’homme dans ses capacités de choix. Elle est née de la nécessité de porter secours aux personnes touchées par les crises des natures et origines diverses. Pour Éric Goemaere et François Ost, l’action humanitaire est déclenchée par deux types d’événements : les catastrophes naturelles et les crises politiques.  C’est exactement la situation que traverse la partie Est de la RDC qui, en plus de catastrophes et crises politiques, connaît des pandémies, des épidémies, des conflits armés et intercommunautaires, etc.

  1. Le sacrifice de l’agent humanitaire en RDC

Nombreux pensent qu’être « agent humanitaire » en RDC est un luxe. Peut-être oui, un luxe dans le sens où l’agent humanitaire se sent fier et honoré pour sa contribution à sauver des vies en danger. Cependant, l’entourage de l’agent humanitaire n’a pas la même version des faits. Il se limite à regarder l’aspect extérieur : l’agent humanitaire circuler dans de véhicules, loger dans des hôtels, détenir des matériels de la dernière technologie (téléphones, ordinateurs, etc.). Ce qui n’est pas le cas, dans la pratique ; particulièrement en RDC. Être « agent humanitaire » c’est d’abord une question de vocation et d’abnégation (sacrifice volontaire de soi-même et de son intérêt).

En effet, les interventions humanitaires sont mises en œuvre dans un contexte de crise humanitaire. Cette dernière traduit un événement ou série d’événements qui représente une menace critique pour la santé, la sûreté, la sécurité ou le bien-être d’une collectivité ou d’un autre grand groupe de personnes. Il s’agit d’un contexte dans lequel les populations vivent dans une vulnérabilité sans précédent, car ayant tout perdu ; même l’espoir de vivre. Ainsi, à travers son action, l’agent humanitaire vient sauver ces vies désemparées, et contribuer à redonner le sourire et l’espoir de vivre à travers la mise en œuvre des projets. Pour y parvenir, l’agent humanitaire consent de sacrifices inimaginables, et vit le stress tous les jours, lié au risque de son métier. Ainsi, le 19 août de chaque année, le monde célèbre la journée internationale de l’aide humanitaire.

  1. L’agent humanitaire en RDC mérite mieux

Malgré les risques encourus dans son travail de tous les jours et l’abnégation dont il fait preuve dans l’accomplissement de sa mission, l’agent humanitaire en RDC n’est pas bien traité, et son sacrifice non reconnu : des politiques et lois non favorables à l’agent humanitaire ou n’étant pas appliquées de manière à assurer le plein respect de ses droits ; l’imposition des valeurs non conformes à ses propres cultures, sous peine d’être viré ; la faiblesse des mécanismes pour la protection des personnels et des biens humanitaires (l’on enregistre chaque année des cas d’enlèvement, de kidnapping, de tuerie, des traitements inhumains et dégradants contre les agents humanitaires) ; très souvent, des traitements salariaux ne correspondant ni à la taille du travail abattu, ni à l’évolution de la situation socio-économique de manière à permettre à l’agent humanitaire de nouer les deux bouts du mois ; l’insuffisance de garanties liées aux risques encourus dans le travail humanitaire. Soulignons ici par exemple le fait que l’agent humanitaire soit soumis au paiement des impôts et taxes exorbitants, ce qui rend encore très critique sa situation, etc.

  1. En conclusion

Il est inévitable que les considérations soient mitigées à ce sujet. Toutefois, tout le monde est unanime sur le fait que l’action humanitaire est un travail de longue haleine. Il s’agit d’un métier noble (fierté pour la personne qui sauve les vies), mais complexe (exigeant plus d’efforts et d’abnégation de la part de celui qui l’exerce). S’étant volontairement donné, l’agent humanitaire n’a pas l’ambition de chercher à être compensé pour le travail abattu. D’ailleurs personne, et rien ne saura compenser les efforts consentis par l’agent humanitaire qui met en jeu sa propre vie.

Cela étant, l’agent humanitaire en RDC mérite mieux, que des efforts soient fournis à tous les niveaux afin de lui garantir une amélioration des conditions de vie. Cette réflexion mérite d’être portée à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’aide humanitaire.

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