Octobre Rose : la jeunesse de Goma mobilisée sur la lutte contre le cancer du sein

Par Jospin Kanane

Rédaction Centrale
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Chaque année, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation sur le cancer du sein à travers le monde, dans une campagne appelée « Octobre Rose ». Initialement lancée aux États-Unis dans les années 1980, la campagne s’est rapidement répandue à travers le monde. Elle vise à sensibiliser les femmes sur l’importance de la détection précoce et de la prévention du cancer du sein. En Afrique, où le fardeau de cette maladie est particulièrement lourd, cette campagne a toujours été une occasion cruciale de jouer un rôle dans l’éducation et sensibilisation des communautés locales.

En République Démocratique du Congo, le cancer du sein est aujourd’hui l’un des problèmes majeurs de la santé publique, touchant de nombreuses femmes de tout horizon. Face à cette réalité alarmante, des nombreux jeunes Congolais s’impliquent activement dans la lutte contre cette maladie.

À Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, la campagne « Octobre Rose » a pris une toute nouvelle dimension. La jeunesse de cette ville a pris l’initiative de se mobiliser afin de lutter contre le cancer du sein et du col de l’utérus, à en croire Patricia Ngulu, chargée de communication de Youth Alliance for Reproductive Health, YARH en sigle. «En RDC, le cancer du col de l’utérus constitue la première cause de décès par cancer dans le pays, suivi du cancer du sein», affirme Patricia Ngulu.

La MSA (Medical Students Association), une structure regroupant des étudiants en médecine en RDC, a récemment mené une campagne de sensibilisation après avoir constaté, à l’issue des enquêtes menées, que 95% des femmes ignorent l’existence du cancer du sein et de la mammographie, et que 61% d’entre elles ne pratique pas l’auto-palpation. «Nous avons compris que la population de Goma avait besoin des informations sur le cancer du sein, notamment comment se prévenir et comment s’auto-évaluer quotidiennement», explique Kitumaini Buhendwa Chris, président provincial de la MSA.

À son tour, le Dr Rémy Machozi, médecin directeur de la clinique “Notre vie” parle des statistiques sur les cas identifiés. «Une femme sur huit finit par être atteinte du cancer du sein»; il affirme que la cause principale de ce cancer demeure inconnue. Cependant, il souligne tout de même l’existence de certains facteurs favorisants, tels que : «l’age, le sexe ou encore la consommation d’alcool et du tabac.» Pour ce faire, le Dr Rémy recommande qu’une femme effectue au-moins une mammographie au cours de sa vie. Toutefois, en raison de contraintes financières, l’auto-palpation reste un moyen fiable de dépistage.

Ainsi, il est donc important de réduire le nombre de nouveaux cas de cancer, déclare Patricia Ngulu, soulignant le soutien de YARH à la campagne de la MSA : « YARH-DRC, a jugé bon d’appuyer la MSA, pour partager l’information afin de diminuer le nombre de décès causés par ce cancer en le détectant plus tôt, avant même l’apparition des symptômes. Se faire dépister permet d’établir un diagnostic précoce permettant une prise en charge adaptée et l’augmentation des chances de guérison.»

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Grâce à la campagne de sensibilisation menée par la MSA, plus de 10.000 personnes ont été informées à travers les marchés, universités et écoles de Goma, selon Kitumaini Buhendwa Chris. «Grace à l’aide des experts de la dynamique pour la santé de la femme, au-moins 50 femmes ont été formées en tant que points focales pour être déployées sur le terrain afin de sensibiliser dans les endroits cibles, notamment les marchés, écoles et universités.»

En outre, le Dr Rémy reste sceptique face à l’ampleur de l’urgence représentée par le cancer du sein. Lors d’une campagne de dépistage gratuite organisée par sa clinique, un nombre surprenant de cas a été détecté, dépassant les attentes initiales. Cela témoigne de l’importance de la prévention et du dépistage précoce pour lutter contre cette maladie mortelle.

«C’est pour lancer le service d’oncologie, qu’on a jugé bon de faire la campagne de dépistage et consultation gratuite du cancer du sein afin d’inciter la population à se faire consulter régulièrement. Sur 250 personnes consultées en espace de seulement 5 jours, nous avons eu 75 cas de femmes qui avaient des problèmes de seins et parmi lesquelles 50 avaient des masses de boules. Comme ça ne leur faisait pas mal, elles ne voyaient pas l’utilité d’aller à l’hôpital.»

Quant à Kitumaini Buhendwa Chris, il estime qu’il est essentiel de ne pas limiter ce type de campagne à octobre seulement, mais de la mener tout au long de l’année. Il propose également la création d’un club réunissant des personnes touchées ou non par le cancer, afin de lutter collectivement contre cette maladie et de soutenir les personnes atteintes.

La campagne « Octobre Rose » menée par la jeunesse de Goma montre que le combat contre le cancer du sein et du col de l’utérus est devenu une priorité pour la population. Les efforts continus de sensibilisation et de dépistage laissent entrevoir une lueur d’espoir pour un avenir dans lequel ces cancers seront mieux compris et combattus dans tous les coins de la RDC.

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