RDC-Élections sans Rutshuru et Masisi: l’un des indicateurs que la guerre du M23 est loin de prendre fin avant 2023

Par Prosper Buhuru

Rédaction Centrale
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Le Président de la République Démocratique du Congo a accordé, jeudi 16 novembre 2023, une interview exclusive à nos confrères de la Radio France Internationale et France 24. Plusieurs questions ont été abordées, dont les élections prévues le 20 décembre prochain. «Nous n’avons encore reçu aucune indication selon laquelle il n’y aurait pas d’élections. Tout porte à croire qu’il y aura les élections le 20 décembre …» a rassuré Félix Antoine Tshisekedi.

Le train vers les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales ainsi que municipales avance à une très bonne allure. La campagne électorale va être lancée le 19 novembre sur toute l’étendue du pays. Néanmoins, les territoires de Rutshuru et Masisi en province du Nord-Kivu ne sont pas concernés par ces scrutins, étant sous occupation des militaires de l’armée rwandaise opérant en RDC sous le label du mouvement du 23 mars.

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«Les électeurs de l’est, dans le Nord-Kivu: malheureusement, pour Rutshuru et Masisi, je ne crois pas que ça pourra se faire. Mais, qu’à cela ne tienne, nous allons continuer nos efforts pour libérer ces localités, ramener nos compatriotes dans leurs localités d’origine et imposer cette paix. Mais en même temps, il y a le processus électoral qu’il faut amener à son terme», a souligné le Président Félix Antoine Tshisekedi.

Forte déception quant à la fin de la guerre du M23 avant décembre 2023

L’insécurité dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo a fortement impacté le processus électoral encours. Selon Denis Kadima, président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), trente-trois agents ont perdu leurs vies pendant le processus d’enrôlement des électeurs. Au cours de cette période, par mesure de grâce, la Centrale Électorale s’est déployée pour enrôler les déplacés de Rutshuru et Masisi dans des centres d’inscription mobiles aux alentours de la ville de Goma.

Plusieurs observateurs estimaient qu’après enrôlement des déplacés, la CENI pourrait organiser les élections dans les territoires sous agression après la guerre, ou soit carrément sur base d’un nombre important d’un échantillon de la population de Rutshuru et Masisi enrôlée. Ainsi, la non tenue des élections dans cette partie révélerait que la guerre du M23 est loin d’être finie avant la fin de l’année 2023 pour que tous les déplacés commémorent la fête du nouvel an dans leurs milieux respectifs.

Le Collectif des Actions de la Société Civile (CASC) apprend avec déception la décision du Chef de l’État sur l’exclusion de Rutshuru et Masisi aux élections générales de décembre 2023 dans le pays de Lumumba. Justin Bizimana président de cette structure citoyenne évoque l’insouciance du Président Tshisekedi et son gouvernement sur la question de la restauration de la paix dans les régions affectées par la guerre d’agression rwandaise.

«Le chef suprême de la nation, garant de la nation et de l’intégrité territoriale vient encore une fois de décevoir tout un peuple qui avait espoir dans sa gouvernance. C’est une autre manière d’encourager l’ennemi de pouvoir continuer à occuper nos zones mais également de perdre toute une entité qui a des milliers des populations qui doivent exercer les droits civils et politiques. Dans la zone, il y a des gens qui se sont préparés depuis longtemps pour intégrer la gestion de la chose publique et pour tenter d’apporter des améliorations sécuritaires, de développement, … au finish ils sont exclus à la gestion de la chose publique», se désole-t-il.

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Un émoi pour Rutshuru et Masisi

Nonobstant, outre la déception, c’est aussi avec émoi que plusieurs acteurs politiques du territoire de Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu ont accueilli la déclaration du Président de la République Félix Antone Tshisekedi, écartant ces deux territoires aux élections prévues le 20 décembre 2023 en République Démocratique du Congo. C’est le cas de Faustin Ngendahimana, politologue de formation, qui attendait plutôt du Chef de l’Etat, un message de compassion à la population suite à la guerre d’agression rwandaise sur le territoire congolais sous le label du M23.

Cependant, cet analyste politique recommande au garant de la nation la restauration de la paix dans l’Est de la RDC afin que les élections soient organisées à Rutshuru et Masisi au courant du premier trimestre de l’année 2024. «Nous n’avons pas d’autres choix que d’accepter ce qu’a décidé le Chef de l’État. Cette note d’insatisfaction fait ressortir une recommandation à l’endroit des responsables des institutions politiques nationales, notamment de pouvoir non seulement se plonger aux élections qui pointent à l’horizon mais aussi songer au fait que Rutshuru et Masisi doivent recouvrer la sécurité pour qu’au-moins au courant du premier trimestre de 2024 nous puissions aussi participer aux élections», exhorte ce fils de Rutshuru.

Qu’en est-il de la représentation de Masisi et Rutshuru aux assemblées?

Une fois les élections ne sont pas tenues dans les territoires de Rutshuru et Masisi, ces deux circonscriptions électorales se verront sans représentant aux Assemblées Nationale et Provinciale, d’autant plus que le mandat d’un député est de cinq ans conformément à la constitution de la République Démocratique du Congo.

C’est pour dire, après prestation du serment d’un président qui aura gagné les élections du 20 décembre 2023, les élus de ces deux territoires n’auront plus qualité de parler aux noms de la population, car le mandat leur accordé aura expiré. C’est du lourd! Y aura-t-il une mesure exceptionnelle de prolonger leur mandat jusqu’à l’élection de leurs remplaçants? Wait and see!

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